Le Lodji, une enclave verviétoise à Saint-Martin-de-Belleville
L’hôtel a ouvert ses portes cet hiver au cœur des 3 Vallées, en Tarantaise. Il est la propriété d’une famille belge originaire de Verviers, les Baudinet. Un hôtel chaleureux et accueillant où l’on ne se prend pas la tête. Il suffit de lever la tête et de regarder l’imposante façade du Lodji pour comprendre que René Baudinet, Verviétois pur jus de 63 ans, est attaché à Saint-Martin-de-Belleville, station de sports d’hiver savoyarde réputée pour son ambiance familiale. A la place de cet hôtel qui a ouvert ses portes cet hiver, les gens du coin se souviennent qu’il y avait un autre établissement hôtelier, l’Alp Hotel, déjà détenu, mais pas exploité, par la famille Baudinet. L’ancienne version avant transformations, où les moniteurs de l’ESF (l’Ecole du Ski français) aimaient venir siroter le café avant de prendre le chemin des pistes, était autrement plus modeste : 1.500 m2, 30 chambres, dont 7 plutôt exiguës.
Dans sa majestueuse parure de bois qui ne demande qu’à se patiner avec le temps, le Lodji est autrement plus imposant. Pour atteindre les 6.000 m2 qui font face à la vallée des Belleville, René Baudinet a dû acheter les terrains qui jouxtaient l’Alp Hotel. Le résultat est un hôtel 4 étoiles de 47 chambres, dont 10 équipées d’un spa extérieur, et d’une suite baptisée Princes Evêques. « L’ancien hôtel a été entièrement dépiauté », sourit Pierre Baudinet, le fils cadet de René. « L’opération a été effectuée en un temps record par dix ouvriers que nous avons fait venir spécialement de Belgique. La rénovation a été réalisée par des entreprises belges et françaises, mais je tiens ici à saluer le travail d’Antoine Charles, un ingénieur belge qui nous a donné un sérieux coup de main pour le suivi du chantier. »
Dix mois de travaux
Les travaux ont duré dix mois, calendrier en mains. Ingénieur lui aussi, Pierre Baudinet se souvient de la période où il faisait chaque semaine le trajet de Verviers à Saint-Martin pour superviser les réunions de chantier qui concernaient, aux moments les plus chauds de la rénovation, plus d’une centaine d’ouvriers à la fois. « J’avais en charge les techniques du bâtiment. Mon frère aîné, Laurent, s’est concentré sur la partie financière. Il s’est arraché les cheveux, car il a fallu remonter un dossier après une première tentative de rénovation avortée en 2015. Mais il est finalement parvenu à convaincre deux banques françaises de nous suivre. Les travaux d’agrandissement ont coûté 13,8 millions d’euros. Avec l’achat des terrains, on arrive à un budget total de 20 millions. »
Outre l’hôtel, le Lodji propose dans sa partie basse 3 duplex et 3 appartements. « Nous devions vendre trois biens sur plans pour pouvoir entamer les travaux », explique Pierre Baudinet. « Finalement, on en a vendu quatre avant les premiers coups de pelleteuses. Saint-Martin n’est pas aussi connue et n’a pas la réputation de Courchevel ou de Méribel, les stations voisines et très “chics” des 3 Vallées, mais elle possède un charme qui agit sur une clientèle étrangère désireuse de passer des séjours au calme tout en profitant du plus grand domaine skiable de France. »
Dans le petit village qui s’articule autour de la mairie, on voit ainsi déambuler beaucoup de Belges, parmi lesquels certains Verviétois et Liégeois attirés dans le coin par les Baudinet, qui passent leurs vacances d’hiver ici depuis 1996. « C’est l’année où mes parents ont acheté un appartement dans une résidence du village. Il a toujours été rempli d’amis verviétois qui en attiraient d’autres dans la station, si bien qu’on se retrouvait parfois à 70 à Saint-Martin ! », sourit Pierre Baudinet. « L’idée d’ouvrir un hôtel est venue de là… »
Au Lodji, jeu de mots composé au départ de Lodge et Lidge (Liège en wallon), les escaliers portent le nom de la Montagne de Bueren, le bar s’appelle le Carré et face à la réception, juste au pied des pistes, on peut admirer un taureau de 2 tonnes réalisé en acier corten, baptisé quant à lui le Toré, le symbole des étudiants à Liège. Sur la terrasse du bar sont servies à l’heure du goûter des gaufres (rigoureusement… de Liège) et on aperçoit un peu plus loin un coin snack pour la restauration rapide qui fait une entorse linguistique aux lieux puisqu’il s’appelle… Volle Petrol. « Mon père a voulu faire du Lodji un endroit à consonance belge, en forme de clin d’œil, mais pas du tout un hôtel où trônerait le drapeau noir-jaune-rouge », tient à préciser notre jeune hôte. « Nous sommes très fiers d’être en France… »
L’esprit de famille règne en maître
L’ambiance qui émane du Lodji est réellement chaleureuse. C’est un lieu où les enfants ne mettent pas longtemps à se sentir chez eux. Mais c’est pareil pour les adultes, car l’esprit de famille qui a présidé aux travaux se retrouve dans la manière de gérer l’endroit et de recevoir le client, avec sourire et bonhomie.
Les espaces du rez-de-chaussée, qui englobent la réception, le bar (à nouveau fréquenté assidûment par les moniteurs de l’ESF…), le restaurant (où officie un chef spadois, Jean-Sébastien Prijot) et le salon, sont particulièrement réussis. La décoration privilégie les grands canapés en tissu, les chaises et les fauteuils en cuir, sans oublier ce vieux bois que l’on retrouve partout, des murs aux plafonds. Idem dans les chambres, simples, confortables et toutes pourvues d’une terrasse. Loin d’être formatée, l’atmosphère est savoyarde, c’est-à-dire généreusement accueillante.
« Il va nous falloir encore un peu de rodage, car nous ne sommes pas de vrais hôteliers », avoue humblement Pierre Baudinet tandis qu’un de ses fistons slalome en trottinette entre les tables du restaurant encore fermé à cette heure de la journée. « Nous devons encore gérer quelques détails, comme les serviettes qui viennent trop vite à manquer à la piscine, ou l’isolation acoustique de nos salles de massage qui est insuffisante. Mais nous allons nous améliorer avec le temps. »
Concernant les tarifs à la nuitée, la chambre standard varie entre 200 et 400 euros, la balnéo oscille entre 250 et 500 euros. Si vous préférez une suite, comptez entre 600 et 1.100 euros en fonction de la saison.
Une précision importante : le Lodji n’ouvre que l’hiver, mais il ne demande qu’à être privatisé en été pour célébrer un événement spécial comme une communion ou un mariage. Avec la bénédiction du Toré, cela va de soi…